EN EXERGUE
La protection des chefs d’oeuvre des musées pendant la guerre :
Melpomène se parfume à l’Héliotrope
de Michel Augeard
Retrouvez dans ce livre les explications de plusieurs centaines de messages contenus dans le site.
Votre contribution :
Les Amis de Radio Londres
L’association des Amis de Radio-Londres s’est fixé comme objectif de maintenir vivace le souvenir du rôle essentiel joué, entre 1940 et 1944, par les services français de la BBC à Londres. Présidée par les journalistes Jean Pierre Farkas puis Jean Lanzi, l’association s’est attachée à poser, çà et là, des jalons destinés à honorer ces résistants qui, depuis Londres informaient les Français des réalités de la guerre en France et dans le reste du monde. Ils entretenaient chez eux l’espoir de la victoire finale, mais donnaient également à la Résistance des informations militaires de toute première importance. C’est par ce canal que le général de Gaulle lança son appel le 18 juin puis qu’il s’adressera fréquemment au pays dans l’émission « Honneur et Patrie » que présentait Maurice Schumann. Puis c’était l’émission « Les Français parlent aux Français », lancée à 518 reprises — toujours magistralement– par Franck Bauer qui animait également tard le soir une émission de Jazz. C’est au cours de ce programme que Pierre Bourdan et Jean Marin faisaient à tour de rôle le « commentaire des nouvelles », que Jean Oberlé, Jacques Duchesne et bien d’autres encore, animaient des émissions très appréciées des Français, qui, malgré l’interdiction étaient des auditeurs très attentifs et fidèles. Il faut noter que les slogans et chansons –écrits par Maurice Van Moppès puis Pierre Dac à partir de 1943– qui s’intercalaient dans l’émission, réjouissaient les Français et contribuaient également à l’entretien du moral des auditeurs, au grand dam de Radio Paris. C’est aussi au cours de cette émission qu’étaient diffusés les messages personnels, ces phrases à la fois amusantes, poétiques ou absurdes, hermétiques pour la plupart des gens, mais tellement attendues par les résistants qui en connaissaient le sens caché.
Des réalisations :
– L’Association, sous la houlette de Jacques Van den Driessche, a initié la reconstitution du studio de la BBC d’où partaient les émissions en français, installé un temps dans le musée de la Radio à Radio France, puis, en raison des travaux, transféré au Musée de l’Armée aux Invalides.
– Elle a également contribué au site : www.pierrebourdan.fr, voué à la vie et à l’œuvre de ce journaliste du service français de la BBC qui devint ministre du premier gouvernement de la quatrième République avant de disparaître prématurément en 1948.
– Elle a financé la documentation de l’ouvrage de M.R. Augeard : Melpomène se parfume à l’héliotrope édité chez Lattès.
– L’Association a en outre fait procéder à la pose d’un certain nombre de plaques de rue dans des lieux voués au souvenir de la Radio de Londres et de ses animateurs.
-Elle finance enfin la réalisation du Conservatoire Collaboratif des Messages Personnels diffusés sur la BBC entre 1940 et 1944. C’est ce dont il va être question maintenant.
Le conservatoire des messages personnels :
Les messages personnels se sont inspirés des messages familiaux que les militaires français évacués de Dunkerque faisaient diffuser par la BBC à l’attention de leur famille en France. Peu enclin à risquer la capture lors des longues sessions de transmissions radio vers l’Angleterre, l’agent anglais Georges Bégué, parachuté sur la France dans la nuit du 5 au 6 mai 1941, eut l’idée d’utiliser un système comparable à celui des messages familiaux pour sécuriser les communications entre Londres et la Résistance.
Ainsi les premiers messages annonçant l’atterrissage des avions amenant les premiers agents venus de Londres s’inspiraient-ils largement des messages familiaux : Lisette va bien, (le premier, diffusé le 3 septembre 1941), Claude va bien, Gabriel va bien. Par la suite les auteurs de messages laissèrent libre cours à leur imagination, tout en respectant un certain nombre de règles établies. Si Londres prenait l’initiative d’un message, il le faisait connaître à la Résistance par un court message radio en morse adressé aux opérateurs radio envoyés en France. Et la Résistance, ce qui était souvent le cas, faisait connaître à Londres, en morse également, par ces mêmes opérateurs radio, le message dont elle attendait la diffusion qui lui annoncerait l’imminence de l’opération demandée. D’autres messages étaient confiés aux bons soins des agents transportés dans les deux sens. D’autres encore revenaient à Londres fixés à la patte de pigeons voyageurs qui avaient été largués dans leur caisse aux résistants qui les relâchaient, lestés des messages convenus.
Certains messages pouvaient être assez explicites indiquant le nom du terrain utilisé, le nombre d’avions mobilisés, le nombre d’agents largués, voire le pseudo de celui qui devait recevoir le largage. Environ 80% des messages concernaient des opérations aériennes (atterrissages avec échanges d’agents ou de personnalités, parachutages d’agents, d’armes et de munitions) ou maritimes (embarquement ou débarquement d’agents ou de personnalités). Les 20% restants servaient à accréditer des agents auprès des Français qu’ils souhaitaient convaincre de leur qualité de résistants et dans ce cas c’était souvent la personne contactée qui choisissait le message à faire diffuser. Un nombre conséquent de messages prévenaient la famille ou les collaborateurs des agents transportés à Londres de leur arrivée à bon port.
D’autres messages annonçaient à certains réseaux leur agrément par la France Libre, et donc la reconnaissance de leurs agents. Il faut mettre à part les messages de 1er et 5 juin 1944. Ils ont été communiqués par Londres à la Résistance, par écrit, quelques semaines auparavant et s’adressent à l’ensemble des réseaux de Résistance. Les messages du 1er les mettent en alerte, ceux du 5 donnent le signal de la mise en œuvre des différents plans. Chacun connaissait les diverses missions qu’il aurait à accomplir dans le cadre de ces plans pour faciliter la progression des troupes alliées débarquées sur la France.
Hormis ces messages particuliers dont la liste a été dressée et conservée, les autres n’ont pas fait l’objet d’enregistrement d’aucune sorte, ni de recension générale. Il y en a certes, dispersés, dans les archives (lorsque ces dernières n’ont pas disparu !), mais la plupart d’entre eux sont à rechercher dans les souvenirs écrits ou racontés par ceux que ces messages concernaient très directement. On verra d’ailleurs qu’ils concernent ces héros anonymes que Pierre Brossolette appelait « les soutiers de la gloire » tout autant que les plus grands noms de la Résistance.
Personne n’est en mesure de dire avec précision combien de messages personnels ont été diffusés sur la BBC pendant la durée de la guerre. On peut toutefois essayer de s’approcher un peu de la réalité en sachant que la plupart d’entre eux concernaient des opérations de parachutage ou d’atterrissage ou de transfert par la mer. Sur l’excellent site : Tentative de reconstitution de l’historique des infiltrations d’agents en France de 1941 à 1945 (Parachutages, atterrissages et débarquements) on estime à près de 10500 le nombre de telles opérations, réussies ou non. M.R.D. Foot l’historien anglais officiel de la période fixe à 7500 le nombre des opérations aériennes abouties. On sait également que ces messages opérationnels représentaient au moins 80% des messages diffusés. Si l’on ajoute les leurres ou les messages d’intoxication non suivis d’effet, on atteint et dépasse sans doute les 15000 messages. Si l’on considère que les messages passaient en moyenne trois fois sur les ondes de la BBC, on atteint un total qui avoisine les 50000 diffusions ! Ce site en propose environ 2800, (impliquant donc de l’ordre de 8 à 10000 diffusions sur la BBC). C’est dire s’il est incomplet, puisque c’est vers un chiffre trois ou quatre fois plus important qu’il faudrait tendre.
Ces messages ont été regroupés en 9 catégories distinctes :
– Les messages « Datés » dont la signification n’est pas toujours connue et dont la source n’a hélas pas toujours été retrouvée.
– Les messages « Non Datés » dont on ne connaît pas la date précise, dont on ne connaît pas toujours la signification, et dont les sources ne sont pas systématiquement citées. C’est sur ces trois points : date, sens, source que nous vous sollicitons.
– Les messages de juin 1944 destinés à la Résistance en France avant le débarquement. Ils sont classés en 4 catégories : alerte SOE et BCRA le 1er juin, action SOE et BCRA le 5 juin, tels qu’on les trouve dans le tome V de l’ouvrage édité à La Documentation Française sous la direction de Jean Louis Crémieux Brilhac, Ici Londres, les voix de la liberté, 1940-1944. Nous n’y toucherons pas non plus. Il est aisé de constater que certains messages ne figurant pas dans la liste ont été diffusés à ces mêmes dates. Ces messages peuvent être ajoutés dans la rubrique « Datés » qu’ils soient ou non élucidés.
– Les messages issus du Journal de Minuit, l’organe du Mouvement France d’Abord, tels qu’on les trouve dans la réserve des livres rares de la B.N.F ou dans « La sixième colonne » le livre d’Hélias Revol ».Nous n’y toucherons pas, tant ils sont représentatifs de la méthode : nombre de passages, difficultés à saisir le message dans le brouillage certains jours, libellés des messages. Si certains peuvent décrypter certains de ces messages, il sera possible de les inclure dans la rubrique « Datés » ; il y en a déjà.
– Les messages trouvés aux Archives Nationales, tant en Angleterre qu’en France. Pierre Tillet, Francis Suttill et Philippe Lecler ont eu la gentillesse de me communiquer ceux sur lesquels ils sont tombés au cours de leurs recherches et je les en remercie sincèrement. Le livre de Jean-Jacques Grandhay « La Haute-Saône dans la deuxième guerre mondiale » en cache en annexe un très grand nombre. Il est vraisemblable qu’il s’en trouve encore des centaines dans les cartons abrités aux archives et qui attendent qu’on les y découvre.
– Il faut ajouter une dernière catégorie qui n’a pas d’existence réelle dans ce site alors qu’elle est de loin la plus importante en nombre, c’est celle des messages qui nous manquent et pour lesquels nous vous sollicitons également. Un formulaire est à votre disposition pour vous permettre de proposer toutes les modifications que vous souhaiterez apporter aux listes des messages figurant sur le site.
Je me propose d’assurer pour le moment la gestion de ce site. Je souhaite également que le nom des contributeurs qui le souhaiteront puisse figurer sur le site. Je vous remercie de votre contribution et je souhaite qu’ensemble nous parvenions à conduire ce projet à son terme.
Michel Augeard.
Président de l’Association des Amis de Radio-Londres